Brahim Vall Mohamed Lemine est un sociologue-démographe et l’actuel Président du Haut Conseil de l’Éducation de la République Islamique de Mauritanie.
Il a été ministre de l’Éducation Nationale et de la Réforme du Système Éducatif, ainsi que ministre de l’Élevage.
Il a occupé plusieurs fonctions importantes dans différents ministères, notamment ceux des Affaires Sociales, de la Famille et de l’Enfance, du Plan et du Développement Rural.
Il a également travaillé comme Chargé de programme Population et Développement au Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) à Nouakchott.
Brahim Vall Ould Mohamed Lemine a participé à de nombreuses conférences internationales et a réalisé plusieurs études dans les domaines de la démographie, de la population et du développement, de l’élevage, du genre et de l’état civil en Mauritanie.
Abstract
Titre de l’intervention
Les réformes de l’éducation en Mauritanie
À l’instar des autres pays de la sous-région, la Mauritanie a très tôt été confrontée au défi de la réforme de son système éducatif. L’éducation moderne introduite par le pouvoir colonial s’est superposée au système traditionnel de la mahdara, déjà largement implanté dans le pays.
Une première tentative d’unification du système éducatif a eu lieu en 1959, dans la foulée des préparatifs à l’indépendance. Cette réforme a marqué une première introduction, encore limitée, de l’enseignement de l’arabe. Mais c’est la réforme de 1967 qui a rendu obligatoire l’enseignement de cette langue.
En 1973, une nouvelle réforme a introduit une filière arabe aux côtés d’une filière dite bilingue et a instauré le principe de l’enseignement des langues nationales : pulaar, soninké et wolof. La réforme de 1979, en revanche, a provoqué une scission du système éducatif en deux filières distinctes : une filière arabe obligatoire pour les enfants arabophones et une filière bilingue destinée aux locuteurs des autres langues nationales. La réforme de 1999 visait à réunifier le système en supprimant progressivement cette dualité dans tous les cycles d’enseignement.
Cependant, ces différentes réformes n’ont pas réussi à proposer des solutions adaptées aux défis structurels du système éducatif national. Elles ont souvent été élaborées dans la précipitation et en réaction à des circonstances politiques conjoncturelles.
Pour éviter de reproduire ces erreurs, une nouvelle approche consensuelle a été adoptée. Un processus de concertation élargie, impliquant tous les acteurs et partenaires du secteur éducatif dans l’ensemble des régions du pays, a été lancé en 2021. La synthèse de ces consultations a donné lieu à un document intitulé « L’école que nous voulons ». S’inspirant largement de ce texte, la Loi d’Orientation du Système Éducatif National n° 2022-023/PR a été adoptée.
La Réforme prévue par cette Loi se distingue des réformes antérieures par son caractère global et intégré, structuré autour du principe de « l’Ecole républicaine » unificatrice, équitable et inclusive qui tient compte des spécificités et des besoins individuels.
Elle instaure un nouveau cycle préscolaire de haute qualité pour une meilleure préparation du nouveau cycle de l’enseignement de base de 9 ans au profit des enfants âgés de 5 à 15, comprenant dans un continuum cohérent les six années de l’enseignement fondamental et les trois années du premier cycle secondaire.
Une Commission Nationale des Curricula est instituée en vue d’élaborer et d’orienter le cadre de référence des nouveaux programmes scolaires, en tenant compte des principes et objectifs de la Réforme, ainsi que des compétences du XXIe siècle. Ces programmes prévoient notamment la réintroduction de l’enseignement des langues nationales pulaar, soninké et wolof, en plus de l’arabe, permettant ainsi à chaque enfant Mauritanien d’être scolarisé dans sa langue maternelle selon les contextes locaux et les exigences de la cohésion sociale.
L’article 85 de la Loi d’Orientation a institué le Haut Conseil de l’Éducation (HCE), organe de conseil, d’orientation, de coordination et d’évaluation. Sa mission est notamment de veiller au respect des grandes orientations éducatives de l’État et de garantir l’inclusivité du système, afin qu’il réponde aux besoins de l’ensemble des citoyens.
Le champ de compétence du HCE couvre toutes les questions relatives au système éducatif national : politiques et stratégies, accès universel à l’éducation et gestion des flux, règles juridiques et normes techniques, organisation et fonctionnement des services publics et privés de l’éducation, relations entre l’État et les acteurs du secteur, ainsi que l’articulation entre formation, recherche, emploi et développement.

